Un atlas de la logistique en France, bonne initiative !

Antoine Frémont

Membre du Conseil scientifique de TDIE

Le SoeS, service de l’observation et des statistiques du MEEM, vient de publier un Atlas des entrepôts et des aires logistiques en France en 2015. Accessible en ligne, cet atlas est un bel outil pour comprendre les dynamiques spatiales qui animent la logistique à travers la localisation des entrepôts sur le territoire national.

Secteur vital pour le développement économique et l’emploi sur les territoires, la logistique, et plus particulièrement sa fonction stratégique d’entreposage, pose aussi des questions d’aménagement du territoire complexes qui s’illustrent à différentes échelles : intégration de l’économie dans les flux européens, inégalités à l’échelle du territoire français et entre les aires urbaines, étalement logistique dans les aires urbaines par le phénomène de périurbanisation logistique. Cet atlas est une contribution utile d’aide et d’appui aux politiques publiques pour mieux connaitre un secteur économique de plus en plus indispensable au fonctionnement quotidien de l’économie. Il s’inscrit dans les orientations de « France logistique 2025 » qui préconise à terme la création d’un observatoire de la logistique.

Confirmation de la métropolisation logistique

La géographie de la logistique accompagne la métropolisation et reflète les inégalités de développement du territoire français. En 2015, la France compte 4432 entrepôts et plates-formes logistiques (EPL) pour une surface de 78 millions de m2. Les grands EPL dominent. Ceux de plus de 30 000 m2 ne pèsent que 14% de l’offre disponible en nombre mais plus de 43% en surface. Deux tiers des EPL sont exploités pour compte propre par des sociétés dont l’activité principale est le commerce ou l’industrie. Quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Grand Est) regroupent plus de la moitié des surfaces d’entreposage. L’entreposage à vocation industrielle domine dans l’Est alors qu’il est marqué par sa destination commerciale en Ile-de-France.

Ces EPL se localisent dans les plus grandes aires urbaines, où le rejet en périphérie s’accompagne d’une polarisation sur les échangeurs autoroutiers. Cet atlas conforte par des données robustes les enjeux d’aménagement et de gouvernance liés à la logistique mis en évidence par les travaux de recherche initiés par le laboratoire SPLOTT de IFSTTAR présentés dans l’ouvrage collectif La métropole logistique paru en 2015(*).

Un atlas régional

L’Atlas détaille avec précision et région par région la localisation de ces entrepôts en fonction de l’activité des sociétés exploitantes (industrie, commerce de gros, de détail…), de leur répartition par taille et de la nature des emplois et professions. Il définit utilement les aires logistiques dites élargies « comme étant un territoire composé d’au moins trois EPL de plus de 5000 m2 et sur lequel chaque EPL est localisé à moins de six kilomètres d’un autre EPL de la même aire logistique » et des aires logistiques dites denses « en réduisant la distance maximale entre deux EPL de six à deux kilomètres ». Les premières regroupent 81% des EPL de plus de 5000 m2. Les secondes, au nombre de 387, concentrent 58% des EPL de plus de 5000 m2. A l’inverse, 19% des EPL se situent sur des territoires avec une offre logistique peu dense.

A l’avenir, la mise en évidence des enjeux de ce secteur pourrait s’enrichir d’une plus grande prise en compte de la dimension européenne, notamment pour comprendre la logistique internationale liée aux ports maritimes et aux aéroports, indispensable à la consolidation de la place de l’Europe dans la géographie économique mondiale.

(*) La métropole logistique, le transport de marchandises et le territoire des grandes villes, (Dablanc L. et Frémont A, Dir., Armand Colin, 2015). Contributions de recherche initiées par le laboratoire SPLOTT (Systèmes productifs, Logistique, Organisation des transports et Travail). Voir aussi le compte rendu du débat organisé par TDIE à l’occasion de sa publication.

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