« Demain, l’IDRRIM aura encore plus besoin d’exister ». C’est en ces termes que Yves KRATTINGER, Président de l’IDRRIM, Président du Conseil départemental de Haute Saône, a ouvert la table ronde de clôture du congrès de l’Institut des Routes, des Rues et des infrastructures de la Mobilité le 15 juin dernier.
Ce congrès avait pour thème « des infrastructures indispensables, innovantes et engagées pour la transition énergétique ». Plateforme d’échanges et de convergence, l’IDRRIM est reconnue comme une communauté d’acteurs public-privé de référence. Elle constitue une organisation performante en matière d’infrastructures de transport et apporte sa contribution active à la rechercher de voies durables pour la mobilité.
Une bascule sociétale
Trois évolutions sont à prendre en compte pour dégager les pistes les plus prometteuses et définir les efforts à produire : une révolution de la société devant l’épuisement des ressources et le changement climatique, une révolution technologique avec l’explosion de l’économie numérique, et enfin un contexte financier contraint par des crises successives sans pouvoir disposer de la clé de sortie pour résorber le niveau de la dette. Malgré la forte contestation qui a été menée à l’encontre de la route, elle continue à gagner des parts de marché en termes de mobilité, et une bascule sociétale est en train de se produire pour redonner à la route toute sa pertinence, pour modifier profondément son image et réécrire les infrastructures de transport de demain.
Philippe DURON, Député, Co-Président de TDIE, a souligné combien la route a toute sa place dans les systèmes de mobilité durable bien que soumise à de multiples défis et contraintes, qu’il s’agisse de la pérennisation des moyens de financement et de programmation ou de la participation à l’effort de réduction des émissions de GES. « On est dans un changement de paradigme » a-t-il précisé. Les progrès technologiques qui sont attendus de la décarbonation dans les transports sont considérables. Les travaux en cours au sein de TDIE devraient constituer une contribution majeure à cette thématique pour mieux répondre aux enjeux climatiques.
Ensemble, redevenir le leader mondial de la route
Aujourd’hui on sait mieux agir pour traiter le découplage de la croissance et la croissance des émissions de GES. Mobilité 21 a défini des perspectives et des orientations. Pour autant, la priorité actuelle est de maîtriser la conservation d’un patrimoine qui représente le premier acteur du lien social. La route est le champ d’accueil de nouveaux usages qui s’inscrivent dans la modernité. Il est indispensable d’accompagner le développement de ces innovations pour répondre le mieux possible aux vrais besoins des usagers qui au final choisiront comment accéder à la mobilité sur mesure.
Les professionnels de la route estiment que ces changements extraordinaires constituent une vraie chance pour que la France redevienne le leader mondial en matière d’infrastructures de transport. Avec Mobilité 21, les priorités à mettre en œuvre avec les ressources disponibles ont été identifiées. L’IDRRIM s’interroge sur les défis des années à venir et les participants à la table ronde ont tous souligné la dynamique collective mobilisée par ce jeune institut. Après six années difficiles pour la profession (au cours desquelles 25000 emplois ont disparu) elle montre des capacités d’adaptation encourageantes pour relever les défis et s’ouvrir à de nouveaux marchés.
Le modèle de la concession autoroutière peut être perçu comme un outil au service de l’Etat pour raisonner à long terme, orienter vers une économie durable avec une affectation précise des ressources, le recours au principe de l’utilisateur payeur et un engagement bilatéral concédant/concessionnaire fondé sur la performance. L’écart croissant entre ce que l’on voudrait faire et la réalité dans un univers administratif de plus en plus contraignant, impose le recours à plus de flexibilité pour innover. Jean MESQUI a porté la parole de l’ASFA qui se dit prête à faire des propositions pour intégrer d’autres voiries souvent en situation de déshérence dans les concessions.
L’écart devient flagrant « entre des technologies qui progressent à grande vitesse et le constat que l’on ne peut plus se payer l’entretien des nids de poule ». Le réseau scientifique et technique dispose d’un socle de connaissances, d’équipements de recherches et de centres d’essais en capacité d’aborder les nouveaux enjeux liés à la raréfaction des ressources tout en mettant l’accent sur la maintenance afin de redonner à la France un patrimoine routier important indispensable au développement de l’économie nationale. Le CEREMA et l’IFSTAR s’investissent fortement dans des travaux de recherche sur l’économie circulaire, l’apport du numérique, la gestion économe de la ressource et le Big Data.
La mise en commun des connaissances et de l’information est indispensable pour appréhender la conception des infrastructures de demain et formater les bonnes décisions à prendre. Dans ce contexte, l’IDRRIM a encore un rôle majeur à jouer face à cette mutation vertigineuse pour innover dans la mise en place d’un mode de gouvernance efficace et apaisé. Il est aussi indispensable d’engager plus de moyens en faveur de « l’intellect » dans un monde de chercheurs plutôt habitués à travailler en « silos ».
L’IDRRIM pleinement mobilisée
Pour conclure, Y. KRATTINGER souligne que « si la transition énergétique est une grande question, ce n’est pas un problème, les techniciens sont là et les concitoyens l’ont bien compris. L’industrie a appris à produire mieux avec beaucoup moins ». Des efforts restent à faire pour élaborer une commande publique plus forte et rester dans le peloton de tête face à de nombreuses questions qui restent sans réponse. Le numérique est au tout début de son développement. Quel sera son impact sur les déplacements au quotidien ? Va-t-on vers le tout virtuel dans la communication ou avec le télétravail ? Ces interrogations interpellent quant au quotidien des milliers d’usagers consacrent une heure trente et plus dans leur trajet domicile/travail.
L’IDRRIM demeure plus que jamais, selon son Président, dans cette approche partenariale et dans un rôle de catalyseur au service de l’innovation.