Le Sénat estimait en 2013 (Rapport général n°148 – Examen du projet de loi de finances pour 2013) que les crédits annuels d’entretien du réseau routier national non concédé ne couvraient que la moitié des besoins nécessaires pour respecter un rythme optimal de renouvellement des couches de surface.
Cela conduit à un renouvellement de ces couches de surface tous les 24 ans en moyenne, au lieu de 12 ans.
La crise des finances publiques conduit l’Etat et les Collectivités locales à faire des économies sur les budgets d’entretien. Cette tendance entamée en 2009 s’est accélérée en 2014. Elle devrait se poursuivre dans les années à venir. Les conséquences de ces économies ne sont pas encore visibles du grand public, et la dégradation progressive du patrimoine routier n’est pas encore considérée comme un enjeu d’avenir pour les pouvoirs publics.
La qualité du réseau routier français est aujourd’hui menacée.
Après l’usure de la couche de roulement à l’origine d’une diminution de l’adhérence des véhicules, les microfissurations sont les premières déformations d’une chaussée et ne se voient pas. Elles sont à l’origine de fissures plus importantes puis de nids de poule voire de dégradations structurelles et il est déjà bien tard pour intervenir.
Source : A World Bank policy study – Road Deterioration in Developing Countries
Comme le montre cette courbe, issue d’une étude de la Banque Mondiale (*), les conséquences d’un défaut d’entretien préventif peuvent être très lourdes à moyen terme sur la sécurité des usagers, le niveau de service, sur l’état des véhicules et naturellement sur les finances des collectivités locales.
La même étude indique qu’un dollar non investi dans l’entretien des routes se traduit par un surcoût d’exploitation des véhicules de 2 à 3 dollars.
Routes et rues : le premier réseau social !
La France a un réseau routier remarquable de plus d’un million de kilomètres soit le 4ème réseau au monde après les USA, le Canada et le Japon. La valeur patrimoniale de ce réseau routier est estimée à 2 000 milliards d’euros soit l’équivalent du PIB de la France. Ce réseau routier assurait en 2013 88% des déplacements de voyageurs et 88% des transports de marchandises (source : URF).
Le réseau routier est une infrastructure intermodale : il accueille aussi bien les voitures et les camions, que les deux roues, les autocars, les autobus et les tramways en ville.
La route constitue, ainsi, le premier réseau social.
Un défi collectif : partager le constat, mettre en œuvre des solutions
Pour faire face à ces menaces, les différents acteurs de l’entretien et de la modernisation des infrastructures routières doivent impérativement se mobiliser en contribuant :
- A la prise de conscience des maîtres d’ouvrage de la valeur du patrimoine public que constituent nos routes et nos rues, essentiel à la vie sociale et économique, et de la nécessité de son entretien. C’est l’objet du document publié par l’USIRF en 2014 à destination des maîtres d’ouvrages : Routes et rues : l’urgence – Rénover, entretenir.
- A la mise en place d’indicateurs simples et de moyens d’auscultation rapide pour permettre aux collectivités locales maîtres d’ouvrage de disposer d’audits simplifiés de leurs réseaux,
- A l’innovation, pour mettre en œuvre des solutions techniques d’entretien moins coûteuses
- A intégrer l’enjeu de l’entretien dans de nouvelles formes contractuelles entre les maîtres d’ouvrages et les maîtres d’œuvres.
Nous travaillons aujourd’hui sur un projet de contrat de gestion patrimoniale. Il s’agit d’un contrat de performance qui a fait ses preuves dans de nombreux pays, notamment parce qu’il permet de réduire les coûts pour la collectivité, en particulier en stimulant l’innovation.
(*)A World Bank policy study – Road Deterioration in Developing Countries – June 1988