Dans la quasi-totalité des entreprises de production ou de distribution, la fonction transport des années 80 s’est transformée en une fonction logistique placée elle-même dans beaucoup de groupes sous une direction supply chain qui pilote la production des flux amont et aval. La logistique est devenue chez les chargeurs une activité opérationnelle critique dont la performance globale constitue un facteur important de différenciation concurrentielle et/ou de réduction des coûts.
Quelle place pour l’Etat dans une stratégie logistique ?
Dans ces conditions l’AUTF qui représente les chargeurs français ne peut que saluer l’initiative prise par le gouvernement à l’incitation du Parlement de mettre en place une Conférence nationale de la logistique tournée prioritairement à la fois vers la satisfaction des besoins de ceux qui utilisent les services logistiques et vers les prestataires qui les offrent et intégrant la quasi-totalité des autres parties prenantes publiques ou privées. A travers leurs moyens usuels – contraintes – incitation – aménagement d’infrastructures – les pouvoirs publics interfèrent déjà abondamment dans chacun des champs qui composent la chaîne logistique : transport principalement (et le transport est un des domaines les plus régulés en France, en Europe et dans le monde), entreposage ensuite, technologies de l’information et de la communication enfin.
Nous attendons que l’Etat analyse les besoins et définisse ses engagements dans une approche systémique qui permette à la fois de préciser des orientations à long terme qui sont utiles aux chargeurs qui ont besoin de cette visibilité pour définir leur stratégie de chaîne d’approvisionnement, production et distribution de la cohérence, et de garantir une cohérence des actions publiques permettant un déploiement opérationnel optimal des moyens des entreprises.
Quatre échelles géographiques pertinentes pour une stratégie logistique partagée
Pour gagner en simplicité quatre segments géographiques distincts pourraient être investigués séparément : les hubs français des liaisons intercontinentales, les transferts intra-européens et nationaux, le transport régional et la logistique urbaine.
Les problématiques y sont généralement différentes, que ce soit le partage de l’information entre les acteurs privés mais aussi entre les entreprises et les administrations et opérateurs publics, que ce soit l’aménagement du territoire (préservation du foncier, création ou entretien des infrastructures), la tarification de l’infrastructure, les questions sociales et d’emploi, la politique environnementale (changement climatique et pollution locale), l’incitation à l’innovation, ou toute autre mesure. L’AUTF relève cependant qu’existe sur ces 4 périmètres l’impératif d’utiliser davantage le levier important de l’amélioration de la performance logistique que constituent la collaboration horizontale entre acteurs de même type ou celle verticale entre fournisseurs/clients/prestataires de rang 1 et inférieurs.
La conférence logistique pourrait ainsi déboucher sur une mise en perspective des attentes, atouts et opportunités mais aussi des contraintes du monde public et du privé sur chacun de ces volets, en face desquels des mesures complémentaires d’ordre public seraient proposées au législateur, assorties de propositions de suivi de leur impact à travers des indicateurs clé de performance ciblés.