TDIE publie les réponses préparées par les candidats à l’élection présidentielle en retour du questionnaire préparé par le conseil scientifique du think tank. Philippe Duron et Louis Nègre, coprésidents de TDIE, ont présenté à la presse quelques réflexions générées par la lecture des réponses des candidats.
Trois éléments de consensus au cœur de la politique des transports
Philippe Duron et Louis Nègre se sont réjouis de constater un consensus autour de trois idées portées de longue date par TDIE : donner la priorité à la régénération des réseaux (notamment routier, ferroviaire et fluvial), préparer une loi de programmation du financement des infrastructures à l’échelle du mandat, accorder un nouveau regard sur la route pour assurer la complémentarité intermodale et la qualité des services de transport.
Priorité à la régénération : la nécessité de consacrer, en priorité, un effort budgétaire pour l’entretien, la régénération et la modernisation des réseaux existants apparait clairement dans les cinq réponses reçues. Cela souligne la progression de la réflexion portée par Mobilité 21 et partagée au-delà des clivages politiques pour l’attractivité économique de la France.
Une loi de programmation pluriannuelle à l’échelle du mandat : Les cinq candidats conviennent de l’opportunité et de la nécessité d’une loi de programmation de mandat pour la politique d’infrastructure de l’Etat. Cette demande, portée par TDIE depuis 15 ans, pourrait aboutir rapidement et former le cadre du débat parlementaire nécessaire à la mise en œuvre d’une politique ambitieuse, soutenable financièrement, et partagée par les différents acteurs concernés.
Il reste beaucoup de travail pour transformer ces deux orientations, fondamentales pour l’avenir du pays, en actes. Cependant, TDIE espère que le consensus politique préfiguré par les orientations des candidats facilitera leur mise en œuvre, effective et rapide, par la nouvelle majorité issue des prochaines élections législatives.
La nécessaire complémentarité des modes, en réponse aux besoins de services des voyageurs et des entreprises : la complémentarité des modes est reconnue par tous les candidats. Dans ce cadre, la nécessité d’accorder une attention particulière à l’entretien du réseau routier confirme le nouveau regard porté sur la route, qui accueille une part importante des innovations en matière de mobilité, et forme un élément structurant de l’intermodalité.
TDIE se réjouit de constater que les candidats marquent une attention particulière au développement de l’intermodalité. Elle s’accompagne d’une réflexion où le service rendu aux usagers, voyageurs comme entreprises, contribue à préciser une politique des transports moderne et ambitieuse.
Des questions politiques de premier niveau en débat
Quel positionnement de l’État dans la gouvernance complexe des politiques de transport ?
Une conviction partagée : l’État doit être stratège, et son rôle dans la définition des politiques de mobilité et de logistique est toujours central. François Fillon, Benoît Hamon Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon souhaitent confirmer voire renforcer le rôle du couple Région-agglomérations dans la mise en œuvre des politiques de mobilité et de logistique. La perspective d’un transfert de tout ou partie des réseaux routiers départementaux aux régions apparait sans que les échéances soient précisées. Marine Le Pen veut supprimer les régions et les intercommunalités, ce qui remet en cause les fondements de l’organisation de la politique des transports du pays. Jean-Luc Mélenchon souhaite supprimer les départements.
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon remettent en cause la dimension européenne de la politique des transports. François Fillon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron reconnaissent le rôle structurant de la dimension européenne dans les politiques de transport et de mobilité de la France et en font un enjeu de leurs orientations.
TDIE se félicite de la prise de conscience du rôle des instances européennes dans la définition du cadre de la politique des transports. La France doit faire valoir et entendre ses orientations en matière de politique des transports auprès de ses partenaires européens. Ce sera un des enjeux du prochain mandat.
Quelle recette dédiée, pour quel équilibre budgétaire ?
La disparition de l’écotaxe génère une recherche de recettes nouvelles, et le principe d’une taxation de l’usage de la route reste au cœur des débats, indirectement (TICPE) ou directement (écotaxe régionale, taxation du trafic routier de marchandises de transit). TDIE remarque que les candidats restent discrets sur les moyens de financement qu’ils seraient prêts à engager dans le cadre de la loi de programmation pluriannuelle. S’ils ont tous perçu la difficulté de financer sur le long terme une politique des infrastructures ambitieuse, aucun ne se risque à en proposer une évaluation budgétaire. La priorité reconnue à la régénération des réseaux existants ne s’accompagne pas d’un budget précisément identifié.
TDIE se réjouit que la notion de recette affectée au financement des infrastructures soit de mieux en mieux acceptée, en cohérence avec la légitimité de l’AFITF qui n’est plus un objet de débat. Mais il reste à identifier, imaginer et faire partager les leviers financiers qui contribueront à générer cette recette.
Quel avenir pour le système ferroviaire français ?
Les orientations portées par les candidats sont variées. Elles s’expriment de manière contradictoire sur la question de l’ouverture du transport ferroviaire voyageur à la concurrence, avec des positions opposées tant sur son opportunité que ses modalités (loi d’expérimentation, loi normale, ou refus d’ouverture ?). La question de la dette reste au cœur du débat.
TDIE se réjouit que l’avenir du système ferroviaire français ne laisse aucun candidat indifférent, signe encourageant que le transport ferroviaire est toujours considéré comme un outil majeur de politique publique. Le débat qui s’annonce pour la préparation de la transposition de la Directive européenne adoptée dans le cadre du 4ème Paquet ferroviaire nécessitera beaucoup de pédagogie et de conviction.
Faire face aux mutations et défis d’avenir
La révolution numérique et la décarbonation des transports avaient une place importante dans le questionnaire de TDIE : ce sont deux défis qui bouleversent en profondeur l’économie des transports.
Les candidats ont montré une grande attention sur la question de la décarbonation, mais leurs réponses confirment que cette question reste un des plus grands défis pour la communauté des acteurs de l’économie des transports. Comment faire face aux questions posées par nos concitoyens en matière de santé publique à court terme, et de réchauffement climatique à moyen terme, qui interpellent directement les responsables politiques et économiques ?
La diversité des réponses des candidats montre que malgré la tenue du débat national sur la transition énergétique et l’intégration dans la stratégie nationale bas-carbone d’un volet transport, il n’y pas aujourd’hui de vision partagée ni sur le devenir de nos transports ni sur les leviers à employer pour atteindre une société neutre en carbone dans la deuxième partie de ce siècle. La priorité à donner au véhicule propre est le seul point sur lequel les candidats se retrouvent, même s’ils n’ont pas forcément la même vision de ce que seront le véhicule propre à terme (électrique, hydrogène, biogaz, voire gaz), la transition à assurer (développement ou non de véhicules à 2 l/100 km, de véhicules à gaz ou développement dès maintenant de véhicules propres), le calendrier à respecter.
TDIE remarque qu’aucun candidat ne donne d’indication sur le coût des mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les transports, ni ne donne de priorité en fonction du coût de la tonne de CO2 « évitée ».
Révolution numérique, nouveaux usages et défis technologiques : La révolution numérique bouleverse en profondeur l’économie du transport. Si Jean-Luc Mélenchon affirme son opposition au développement des véhicules autonomes, les autres candidats appellent l’Etat à jouer un rôle d’accompagnateur et de régulateur des nouveaux usages comme de la gouvernance du nouvel environnement où stratégies publiques et privées sont indissociables.
Les candidats ont pris conscience que ce nouveau champ d’interrogations pour l’économie des transports interpelle très particulièrement la puissance publique à tous les niveaux, européen, national, et territorial, sur tous les aspects de cette activité (industriel, social, usages, etc.).
Vous pouvez télécharger ci-dessous :
L’analyse des réponses par le conseil scientifique de TDIE
Les réponses des cinq candidats qui ont répondu à TDIE, dans l’ordre alphabétique : François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon.