La « route » est au cœur de toutes les mobilités, en assurant près de 90% des déplacements des personnes et des biens. Son usage évolue très rapidement. Les discours portés aujourd’hui par les acteurs des mobilités routières prédisent un futur radieux, imminent et au service du consommateur, composé de véhicules connectés, autonomes, décarbonés. L’infrastructure routière, pourtant au cœur de mutations profondes, est largement absente de ces discours.
A l’occasion des Assises de la mobilité organisées à l’automne 2017 par le Gouvernement, ATEC-ITS, l’IDRRIM, l’IFSTTAR, Routes de France et TDIE ont choisi de constituer un groupe de travail pour analyser ensemble et dans la durée l’état des démarches prospectives portées par les différents groupes d’acteurs qui préparent la mobilité routière de demain : c’est la démarche MIRE. Les parties prenantes publient en mars 2019 un document qui rassemble les principales productions du groupe de travail depuis sa création.
De nombreuses incertitudes sur les formes définitives des futures mobilités
Beaucoup d’interrogations demeurent quant aux horizons possibles des nouvelles mobilités. Plusieurs pistes sont envisagées : électromobilité totale, véhicule totalement autonome, partage de l’usage et fin de la propriété des véhicules.
La viabilité technologique et économique des solutions qui pourraient contribuer à atteindre ces horizons est encore trop incertaine pour envisager des déploiements massifs à court ou moyen terme. Si l’on perçoit déjà ces mutations, et que l’on anticipe l’émergence de technologies de rupture, il est très difficile de savoir à quoi ressembleront les mobilités de demain.
Le modèle économique de ces évolutions repose sur un double choix des décideurs publics et des consommateurs rendant leurs déploiements difficiles à prévoir dans le temps.
En outre, le développement de ces technologies est au cœur d’enjeux stratégiques industriels mondialisés, et les nouvelles mobilités modifient en profondeur les chaînes de valeur, les acteurs du numérique bousculant potentiellement l’ordre établi.
Plusieurs enjeux ressortent pour les gestionnaires d’infrastructures
La démarche MIRE a déjà permis d’identifier une série de défis que devront relever les gestionnaires du réseau routier. La route a une valeur d’usage, une valeur patrimoniale, et peut porter des perspectives de progrès pour les usagers si elle fait l’objet d’une stratégie de gestion fondée sur une vision prospective partagée
1. Maintenir le réseau routier dans son état optimal de performance au service de la mobilité pour tous :
- Faire reconnaitre le rôle central de la route dans l’architecture des systèmes de mobilité ;
- Généraliser l’approche patrimoniale ;
- Assurer l’universalité du réseau routier.
2. Répondre aux besoins de régulation de l’usage de la voirie comme espace public d’usages variés :
- Assurer la diversité et l’efficacité des outils législatifs et réglementaires proposés aux différents maîtres d’ouvrages et gestionnaires de réseaux ;
- Favoriser la cohérence et la complémentarité des orientations portées par différents gestionnaires sur un même territoire, au service des usagers et des territoires ;
- Anticiper les évolutions, mutations ou ruptures à moyen et long terme pour garantir la bonne maîtrise des usages.
3. Actualiser les fondements du modèle économique de la route :
- Optimiser la dépense publique consacrée aux infrastructures routières ;
- Adapter les modes de financement aux besoins pour prendre en compte la place des circulations routières dans le système global de mobilité et de transport de fret.